La précarité, un travail à temps plein
14 octobre 2024
Placer les inégalités au centre de la question environnementale, relever les minima sociaux et les bas salaires, lutter contre la sous-protection sociale, rendre l’accès aux droits fondamentaux pour toutes et tous, et enfin, renforcer les services de première ligne… tels sont les chevaux de bataille de Céline Nieuwenhuys, secrétaire générale de la Fédération des services sociaux.
Comment se fabrique la précarité? En identifiant la source des inégalités, arrivera-t-on à combattre efficacement cette problématique?
J’aime beaucoup l’expression « fabrique des inégalités », car elles ne tombent pas du ciel : elles se construisent principalement à cause de l’écart de richesse. C’est très important d’avoir en tête que la précarité existe en raison d’une accumulation de richesse ailleurs. La précarité n’est ni une question individuelle ni une question d’accident de parcours. La société, dans son rapport au travail, à l’économie, à la fiscalité, au parc de logements, à l’agroalimentaire, contribue aux inégalités. Il faut donc qu’elles soient au cœur de toutes les réflexions politiques.
Vous suggérez de relever les minima sociaux et les bas salaires. En Belgique, 20 % de la population vit avec un revenu inférieur au seuil de risque de pauvreté (1 450 euros pour une personne vivant seule), et les mères célibataires sont encore plus isolées et plus exposées à la précarité. On entend encore assez régulièrement qu’augmenter ces minima sociaux, c’est encourager l’inaction. Une idée reçue ?
Cette idée est fausse, car dans nos sociétés actuelles, la notion de travail est très déterminante pour notre identité. (…)
Propos recueillis par Louise Canu, journaliste multimédia, pour EDL · Espace de libertés, le magazine du Centre d’Action Laïque