Les idées reçues sur les personnes pauvres sont souvent dures et empreintes de préjugés, mais aussi de mépris, de peur et d’hostilité. À force, ces jugements peuvent entraîner une phobie collective et des solutions à l’emporte-pièce.

Le statut de « pauvre » serait-il immuable? Le fait de considérer la pauvreté comme une « fatalité sociale » a incontestablement un effet pervers dans les politiques menées pour lutter contre la précarité: il est de bon ton de « respecter » les pauvres. Selon Daniel Zamora, sociologue à l’ULB, « le cœur du problème de [la] rhétorique [du respect des pauvres] réside dans le fait que si l’égalité ethnique et culturelle requiert effectivement le respect de la différence, les inégalités sociales – et les identités qui s’y attachent – présupposent leur abolition et non leur respect ». La question qu’il pose est centrale: « Le pauvre veut-il vraiment être respecté dans sa pauvreté ou sortir précisément de celle-ci? » Cette sortie ne peut se faire sans une politique volontariste de lutte contre les inégalités et contre les mécanismes qui les produisent.

Comme le souligne encore Daniel Zamora, « loin d’être neutres, les discours publics sur la pauvreté façonnent un certain imaginaire social vis-à-vis des “pauvres” et des origines de leurs “maux” » (…)


Un article d’Amélie Dogot, secrétaire de rédaction, et Vincent Dufoing, directeur des projets communautaires du CAL, pour EDL · Espace de libertés, le magazine du Centre d’Action Laïque