À l’échelle mondiale comme en Belgique, la pauvreté est d’abord une affaire de femmes. Les économies capitalistes reposent en effet en grande partie sur le travail de care gratuit ou peu rémunéré qu’elles fournissent. Pour lutter contre les inégalités, il faut penser l’économie en féministe.

En novembre 2023, le prix Nobel d’économie a pour la première fois récompensé une femme seule en consacrant Claudia Goldin, chercheuse américaine connue pour ses travaux sur les inégalités de genre dans le monde du travail. Dans l’un de ses articles les plus célèbres, l’économiste marquait les esprits par son analyse des auditions des plus grands orchestres de musique classique aux États-Unis. En comparant ceux qui placent les candidats derrière un paravent – le jury ignorant donc si ce sont des hommes ou des femmes qui jouent – et les autres, elle a montré que les premiers recrutaient significativement plus de femmes.

Hélène Périvier, économiste à l’OFCE, centre de recherche en économie de Sciences Po, rappelle par ailleurs que « les inégalités entre femmes et hommes sont persistantes malgré les mutations de l’État social. Le taux d’activité des femmes reste inférieur à celui des hommes, avec un écart plus marqué aux âges de la formation de la famille. Les femmes sont plus affectées que les hommes par le temps partiel. Elles ont des carrières plus discontinues. La ségrégation des métiers selon le sexe est toujours forte, elle est à la fois horizontale (“métiers d’hommes” et “métiers de femmes”) et verticale (plafond de verre) ». (…)


Un article de Julie Luong, journaliste, pour EDL · Espace de libertés, le magazine du Centre d’Action Laïque